Wall Street tangue mais ne sombre pas face à la politique

24 mars 2017

Paru sur Boursorama.com

 

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Traders work sur le New York Stock Exchange le 21 mars 2017 (GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP/Archives / SPENCER PLATT)

 

La politique, américaine comme européenne, reste largement au programme de Wall Street, qui a subi cette semaine les difficultés de Donald Trump face au Congrès mais n’y a pas réagi par l’affolement redouté par nombre d’observateurs.

 

 

Lors des cinq dernières séances, l’indice vedette Dow Jones Industrial Average a perdu 1,52% à 20.596,72 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 1,22% à 5.828,74 points. L’indice élargi S&P 500 a cédé 1,44% à 2.343,98 points.

 

« C’était une semaine décevante », a résumé Tom Cahill, de Ventura Wealth Management. « La Bourse a baissé sur fond de craintes sur la capacité du gouvernement Trump à agir pour soutenir l’économie. »

 

Ces interrogations se sont concentrées sur les négociations difficiles entre le président américain et sa majorité législative républicaine pour réformer le système de santé et remplacer l' »Obamacare » hérité de son prédécesseur: le feuilleton a duré toute la semaine et s’est achevé au cours des dernières minutes d’échanges à Wall Street, par l’annonce du retrait du texte.

 

Ces difficultés, d’autant plus ardues à résoudre qu’elles ont mis en porte-à-faux les ailes centriste comme conservatrice du parti républicain, « pourraient semer le doute sur l’ensemble du programme législatif de M. Trump ou, du moins, son calendrier », a prévenu M. Cahill.

 

Néanmoins, certains analystes soulignent que Wall Street, qui a nettement baissé en début de semaine mais s’est ensuite stabilisée, semble déjà passée à autre chose… Ou revenue à ce qui l’a fait enchaîner les records en début d’année: les promesses de baisses d’impôts et de relance budgétaire du nouveau gouvernement.

 

« Le changement d’attitude des investisseurs, des commentateurs, des économistes pendant la semaine, ça a été incroyable », a reconnu Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services. « Les deux premiers jours, tout le monde présentait ce vote sur la loi sur la santé comme un test très important pour les marchés… Et puis, le discours a totalement changé. Maintenant, c’est: +De toute façon, ce n’est pas un pilier sur lesquels les marchés avaient monté+. Et on balaie l’importance de ce vote. »

 

– Les yeux sur Londres –

 

M. Volokhine en tirait un enseignement: une fois de plus, la Bourse de l’ère Trump déjoue les pronostics et rend bien difficile d’établir un « consensus » sur les enjeux qui animent Wall Street.

 

« Je ne sais pas pour vous, mais j’ai l’impression que le premier trimestre 2017 a duré un an », a renchéri dans une note Nicholas Colas de Convergex.

 

« Ce n’est pas que la Bourse a connu une folle instabilité… Car ce n’est pas le cas », a-t-il enchaîné. « Mais, pour le moment, 2017 ne se passe pas vraiment comme prévu. »

 

Il soulignait les mouvements contre-intuitifs de différents secteurs, en premier lieu au prisme des attentes sur la présidence Trump.

Les banques, censées profiter de la dérégulation financière annoncée, et l’industrie, qui serait la première bénéficiaire de larges dépenses d’infrastructures, sont restées sous la tendance.

 

En revanche, les technologies ont flambé, alors que le secteur est connu pour ses relations difficiles avec M. Trump – notamment parce que le président veut réduire drastiquement l’immigration et que celle-ci est considérée par ces entreprises comme un important vivier d’embauche.

 

« Ce qui me surprend le plus, c’est que le secteur de la santé (…) enregistre la deuxième meilleure performance du S&P 500 », a remarqué M. Colas. « Si ça vous étonne de voir une telle forme chez un secteur autant dans le viseur des élus à Washington… Eh bien, moi aussi. »

En tout état de cause, les questions politiques vont rester au centre du jeu à Wall Street, avec la semaine prochaine une tonalité internationale puisque le Royaume-Uni doit engager officiellement sa procédure de sortie de l’Union européenne (UE).

 

« Même s’il ne devrait pas y avoir de réaction immédiate de l’UE, ce sera intéressant de voir comment les choses se déroulent », a prévenu M. Cahill, signalant au passage un calendrier « léger » en indicateurs américains, dont il ne retenait guère qu’un chiffre vendredi prochain sur les dépenses et revenus des ménages.

 

« Dans quelques semaines, on va voir apparaître les annonces sur résultats du premier trimestre… Mais d’ici là, tout va se résumer à la politique », a-t-il conclu.