Après avoir flambé dans la foulée de la victoire de Donald Trump, Wall Street va voir son euphorie confrontée à son installation à la Maison Blanche et l’application d’un programme économique aux contours encore flous.
Sitôt l’élection inattendue du candidat républicain le 8 novembre, la Bourse de New York s’est lancée dans une course aux records. Mercredi, à la clôture, le Dow Jones était à moins de 200 points du seuil symbolique des 20.000 points après avoir progressé de quelque 8% depuis le scrutin. L’indice élargi S&P 500, souvent considéré comme le plus représentatif, flirtait aussi avec ses niveaux records, en progression de 6% depuis début novembre.
Pourtant le pessimisme des analystes sur la performance annuelle du S&P 500, n’a jamais été aussi élevé depuis dix ans. Ils ne tablent que sur une maigre hausse de 5% en 2017, selon un consensus établi par le cabinet Bespoke Investment.
Paradoxalement, les investisseurs comptent maintenant sur le programme « pro-croissance » de M. Trump, s’accompagnant d’importantes dépenses publiques, pour faire accélérer l’économie, et sur ses promesses de baisses d’impôts et de dérégulation pour soutenir l’activité des entreprises et la consommation.
Mais, depuis son élection, le futur président n’a pas donné beaucoup de détails sur les mesures prévues, en premier lieu sur leur financement, et certains analystes mettent en garde sur un marché qui prendrait ses désirs pour des réalités, tout en négligeant des aspects a priori plus inquiétants pour les milieux d’affaires comme le protectionnisme affiché par M. Trump.
« Cela fait deux mois que l’on vit dans un monde imaginaire basé sur l’idée de ce qu’il va faire », a prévenu Karl Haeling, de Landesbank Baden-Württemberg. « Une fois qu’il va se retrouver aux affaires, on va voir bondir le risque que tout ne se passe pas comme espéré ».
– « Environnement sain » –
Dans une note publiée début janvier et largement commentée, la banque Morgan Stanley a évoqué l’idée de « vendre l’investiture » du 20 janvier après avoir « acheté l’élection » fin 2016.
« Après tout, qu’est-ce que l’on peut attendre comme nouveaux élements positifs et enthousiasmants dans les semaines qui suivront » l’entrée de Donald Trump à la Maison Blanche, se sont interrogés ses analystes.
C’est tout le problème évoqué par plusieurs observateurs: M. Trump a démontré sa capacité à agir à très court terme sur les marchés par de simples paroles – il a par exemple contribué à faire plonger le dollar en début de semaine en le jugeant « trop fort » – mais, quelles que soient les mesures économiques entreprises, elles mettront des mois, voire plus, à agir sur l’économie.
« Maintenant, les investisseurs doivent ajouter la patience aux espoirs », souligne Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services. « La seule question, c’est jusqu’à quand va durer leur patience ».