Prévisible attentisme de la Réserve fédérale (Fed), chiffres corrects sur l’emploi… A Wall Street, tout est passé au second plan en attendant les élections du 8 novembre,les investisseurs tentant de minimiser les risques avant le scrutin.
Sur la semaine écoulée, l’indice vedette Dow Jones Industrial Average a perdu 1,50% à 17.888,28 points et le Nasdaq, à dominante technologique 2,77% à 5.046,37 points. L’indice élargi S&P 500 a reculé de 1,94% à 2.085,18 points.
« La Bourse a baissé cette semaine, car la campagne présidentielle se resserre », a résumé Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors. « Et la semaine prochaine, tout va dépendre du jour de l’élection ! »
La majorité des analystes ne font guère mystère de leur préférence pour une victoire d’Hillary Clinton mardi prochain, en raison de la supposée stabilité qu’elle représente face à un Donald Trump souvent jugé imprévisible. Mais la candidate démocrate a pâti dans la dernière ligne droite de la réouverture de l’enquête du FBI sur l’utilisation d’un serveur privé quand elle était chef de la diplomatie américaine.
« Les investisseurs craignent manifestement qu’il y ait une grosse surprise mardi », a reconnu M. Johnson.
Toutefois, si les sondages se sont nettement resserrés entre Mme Clinton et son adversaire républicain, les principaux marchés prédictifs – parfois présentés comme plus parlants que les enquêtes d’opinions car ils fonctionnent sur la base de paris sur les événements à venir et supposent donc un plus grand investissement – donnent encore la démocrate largement favorite à 66%.
Par ailleurs, une large victoire de Mme Clinton pourrait s’accompagner d’une nette avancée des démocrates au Congrès à l’issue des élections législatives organisées en même temps, ce que Wall Street ne voit pas d’un aussi bon oeil.
« Les investisseurs veulent dans l’ensemble que Mme Clinton gagne pour la continuité qu’elle représente… Mais ils veulent que la Chambre des représentants reste contrôlée par les républicains pour que le programme fiscal de Mme Clinton ne soit pas mis en oeuvre », a avancé M. Johnson.
– Paris sur l’incertitude –
L’intégralité de la chambre basse va être renouvelée, ainsi qu’un tiers du Sénat, et une victoire des démocrates ouvrirait la porte à une concrétisation d’un discours qui s’est durci sur de nombreux points, notamment sur la réglementation du secteur pharmaceutique.
« Comme les démocrates se sont assez radicalisés à gauche, la crainte des investisseurs, c’est que l’on arrive à un parti beaucoup plus +anti-business+ que précédemment », a expliqué Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services. « Il y a un climat de peur des réglementations. »
Il remarquait à ce titre que les dernières annonces de fusions et acquisitions majeures, entre AT&T et Time Warner dans les communications ou média ainsi qu’entre Baker Hughes et une partie de General Electric dans les services pétroliers, suscitaient la méfiance après le blocage de plusieurs opérations cette année par les autorités de la concurrence.
Néanmoins, « s’il y avait de l’inquiétude, je ne vois pas pourquoi la Bourse ne baisserait que de 1,5%, ce qui n’est pas significatif », a-t-il nuancé « On ne va pas vendre des actions de JPMorgan ou Coca Cola alors qu’il n’y a aucune raison de le faire… Mais on essaie de se protéger contre des mouvements rapides et épidermiques. »
Plutôt qu’une véritable vague de peur, M. Volokhine préférait donc évoquer une tendance générale à prendre des précautions et il mettait en avant une flambée des paris sur l’instabilité à venir des indices cette semaine, comme en a témoigné un bond de l’indice Vix de la volatilité.
Quoi qu’il en soit, « le plus important la semaine prochaine, ce sera bien l’élection », a enchaîné Tom Cahill, de Ventura Wealth Management, remarquant que les derniers jours n’avaient pourtant pas été vides d’actualité économique.
« Ce vendredi, les chiffres sur l’emploi étaient plutôt bons » avec des créations d’emplois soutenues en octobre, « et on dirait que la Fed compte bien relever ses taux en décembre », après s’être abstenue de le faire mercredi comme cela était largement attendu, a-t-il énuméré.
« Mais bien sûr, tout peut être remis en cause par ce qui va se passer la semaine prochaine », a-t-il conclu.