Président de Meeschaert Asset Management
A cette question Monsieur de La Fontaine aurait plutôt loué la cigale, qui malgré la bise ne se trouve plus du tout dépourvue, n’en déplaise à la fourmi.
Le régime des taux réels négatifs auxquels nous soumettent les banques centrales renforce ce sentiment que tout est permis et que nos bas de laine ne valent plus rien. Les banques n’ont de cesse que de faire payer à tous leurs clients les excès de liquidités qui dorment sur leurs comptes à défaut de s’entasser sous leurs matelas. La question des taux d’intérêt négatifs remet en cause la notion même de créance, car les prêts seront remboursés au terme en-dessous de leur nominal de départ. Prêter à l’Etat ou à une entreprise revient à faire don d’une partie du capital. Il est vrai que nous sommes entrés dans une économie de partage où tout paraît gratuit et où la disparition du rentier semble inéluctable. A cet égard, le renversement de la hiérarchie des valeurs basées sur l’épargne et le travail n’a jamais été aussi en contradiction avec la quasi faillite de nos systèmes de protection.
A l’heure où il faudrait travailler plus et plus longtemps afin de compenser les faibles ressources de nos retraites, les Etats, grâce aux banques centrales, continuent à s’endetter à des taux négatifs sans réformer leur train de vie. D’autant que la pression fiscale ne fait qu’accentuer ce sentiment d’appauvrissement généralisé.
Nous sommes probablement arrivés au bout de cette dérive et la récente correction à la hausse des taux long terme a permis au secteur bancaire de retrouver des couleurs. Pourtant, nombre d’Etats jouent encore les cigales, privilégiant la facilité de l’endettement à la rigueur de l’épargne.
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