Wall Street reviendra pleine de doutes d’un long week-end

12 février 2016

La perspective d’une semaine raccourcie d’un jour, lundi, ne rassure pas vraiment les investisseurs à Wall Street, forcés de rester sur la touche alors que les interrogations règnent sur les banques centrales, le pétrole et la santé du secteur financier international.

 

Lors des cinq dernières séances, l’indice vedette Dow Jones Industrial Average a perdu 1,43 % à 15.973,84 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 0,59 % à 4.337,51 points.

Jugé le plus représentatif par de nombreux investisseurs, l’indice élargi S&P 500 a cédé 0,81 % à 1.864,78 points.

Symbole d’une semaine d’incertitudes – pendant laquelle les indices ont parfois changé de direction en séance ou fini la journée en ordre dispersé – les investisseurs sont restés perplexes face au principal événement économique américain de la semaine, une intervention de deux jours de Janet Yellen, présidente de la banque centrale américaine.

 

La chef de la Réserve fédérale (Fed) « a employé 15.000 mots devant le congrès américain… Mais les investisseurs n’en sont guère plus avancés », ont résumé dans une note les experts de Deutsche Bank.

Alors que les marchés cherchent des indices sur la volonté de la Fed de poursuivre le retrait de son soutien à l’économie, déjà mis en doute par les récentes turbulences des marchés alors qu’il n’a été qu’amorcé en décembre dernier, Mme Yellen ne s’est guère avancée en jugeant « prématuré » de tirer des conclusions sur la politique monétaire américaine.

 

« Le moteur de la semaine, à mes yeux, c’est que les marchés ont montré qu’ils avaient perdu confiance dans les banques centrales », a jugé Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services, évoquant les craintes nées des l’imposition de taux négatifs d’intérêt en Europe et au Japon, ainsi que le fait que Mme Yellen ait été contrainte d’évoquer le sujet – tout en restant là-aussi très prudente.

 

« Or il se trouve que ces taux négatifs sont en train de détruire tout un pan de l’économie: le système bancaire », a-t-il continué, estimant que les établissements américains étaient mieux armés que leurs homologues européens, mais remarquant qu’ils n’avaient pas plus résisté en Bourse depuis le début de l’année.

 

 

– La Chine revient –

 

 

Dans ce contexte, « mardi sera la journée de tous les dangers » a-t-il prévenu, minimisant l’importance des indicateurs économiques de la semaine prochaine.

 

Wall Street restera en effet fermée pour un jour férié lundi, ce qui lui donnera une séance de retard sur les autres grandes places, soit une longue interruption en pleine période d’instabilité boursière.

 

En premier lieu, les marchés chinois, fermés pendant toute la semaine écoulée à cause du nouvel an local, vont faire leur grand retour dans la longue liste des terrains glissants pour les investisseurs.

« C’est la Chine qui sera la clé », a estimé Tom Cahill, de Ventura Wealth Management.

 

« On va voir comment ce marché va intégrer l’instabilité de cette semaine sur les places mondiales. La Bourse japonaise a chuté de façon inquiétante et je pense que cela va mettre la Chine sous pression. Si c’est le cas, cela risque de rajouter de la fébrilité à Wall Street. »

 

« Ceci dit, on pourrait aussi nettement rebondir dès qu’il y aura une quelconque nouvelle favorable », a-t-il nuancé. « On a bien vu comment les cours du pétrole ont brusquement rebondi sur fond de rumeurs quant à un accord au sein de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep). »

 

Même si la corrélation entre marché pétrolier et Wall Street, notable depuis la fin 2015, s’est un peu étiolée cette semaine, la Bourse de New York a pu en partie se reprendre en fin de semaine dans le sillage d’un bond de plus de 10% des cours pétroliers, dans l’espoir que l’Opep s’accorde sur une baisse de production.

 

Enfin « la question que je me pose vraiment c’est à quel moment on commencera à se préoccuper de la politique sur les marchés », a reconnu M. Volokhine en référence à la campagne présidentielle américaine.

 

Vu la perte de confiance dans les banques centrales, « il semble de plus en plus que la relance de l’économie, ça passe par une réforme de la fiscalité avec une baisse des impôts », a-t-il rapporté, précisant que, sur ce plan, les investisseurs comptaient plutôt sur le camp républicain.

 

Source : Boursorama