Paru sur Boursorama.com
Au moment où l’enthousiasme post-Trump se calme à Wall Street, restée en retrait cette semaine malgré une bonne performance du Dow Jones, les investisseurs américains vont se concentrer sur l’Europe, théâtre de grands rendez-vous politiques et économiques lors des prochaines séances.
Depuis le week-end dernier, l’indice vedette Dow Jones Industrial Average a pris 0,10% à 19.170,42 points, signant au passage un record jeudi. Le Nasdaq, à dominante technologique, et l’indice élargi S&P 500 ont en revanche reculé, perdant respectivement 2,65% à 5.255,65 points et 0,97% à points.
« La flambée Trump arrive à bout de souffle », a résumé Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors.
Depuis l’élection inattendue du républicain Donald Trump à la présidence américaine, le 8 novembre, les trois grands indices avaient enchaîné les semaines de hausse et battu des records, sur fond d’espoir sur la relance budgétaire promise par le futur chef d’Etat.
« Il y a eu beaucoup d’enthousiasme, voire d’euphorie, et on revient maintenant à la réalité », a poursuivi M. Johnson. « L’espoir continue à régner, mais c’est devenu un espoir très prudent. »
Il soulignait que les doutes régnaient à la fois sur la capacité de M. Trump de mettre en oeuvre l’intégralité de son programme, le délai nécessaire et, enfin, le temps que ces mesures prendront pour se traduire dans l’économie.
« Ce n’est pas étonnant d’être en partie revenus sur cette hausse », a nuancé Tom Cahill, de Ventura Wealth Management. « Les dernières semaines ont été tellement bonnes qu’il fallait s’attendre à un petit repli. »
De fait, les indices, en premier lieu le Dow Jones, se maintiennent proches de niveaux sans précédent et les dernières informations sur le futur gouvernement Trump ont été bien accueillies, notamment la désignation d’un ancien de la banque Goldman Sachs, Steven Mnuchin, au Trésor, et d’une autre figure de Wall Street, Wilbur Ross, au Commerce.
« Ils sont très proches de Wall Street et très partisans de la dérégulation », a souligné Gregori Volokhine, de Meeschaert Financial Services. « Le marché a vraiment salué ces nominations. »
La productivité scrutée
Les perspectives de la présidence Trump ont donc continué à obnubiler Wall Street, alors même que l’actualité économique de la semaine lui donnait beaucoup d’autres éléments à digérer dans l’immédiat.
Les investisseurs ont ainsi été confrontés à un bond de quelque 15% des cours du pétrole après l’annonce par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) d’un accord de baisse de la production.
« Sans reléguer cela au second plan, c’est surtout une actualité majeure pour le secteur de l’énergie », effectivement en pleine forme cette semaine, a relativisé M. Johnson.
Enfin, la semaine a culminé vendredi avec les chiffres mensuels de l’emploi, marqués par une chute inattendue du taux de chômage et une accélération des embauches.
Ces chiffres semblent assez bons pour garantir que la Réserve fédérale relèvera ses taux le 14 décembre, pour la première fois depuis un an, même si certains détails sont plus mitigés, comme un recul du salaire moyen.
« Et le poste le plus important au niveau de l’inflation, ce sont les salaires », a mis en avant M. Volokhine.
Or, le risque d’inflation, lié à l’ambitieuse relance budgétaire annoncée par M. Trump, fait chuter le marché de la dette américaine depuis plusieurs semaines, au profit notable de Wall Street, puisqu’une telle perspective est de mauvais augure pour les actifs obligataires.
Les investisseurs ont « peut-être paniqué un peu vite en se disant: « Ohlala, l’inflation est de retour », a insisté M. Volokhine.
Il estimait, au passage, que face à cette stagnation des salaires, Wall Street surveillerait particulièrement mardi un chiffre sur la productivité trimestrielle des entreprises américaines, une hausse signifiant de meilleures marges quand le coût du travail n’augmente pas.
Reste que « la semaine prochaine sera largement dominée par l’Europe », a annoncé M. Cahill. « On va se concentrer sur le référendum constitutionnel italien de dimanche, puis la décision de la Banque centrale européenne jeudi. »
Le scrutin italien risque de fragiliser le chef du gouvernement Matteo Renzi, le « non » semblant actuellement mieux placé, tandis que les analystes s’attendent à ce que la BCE annonce une politique encore plus accommodante.