Après une semaine conclue par un non-événement, un discours très attendu, mais finalement guère concluant de la présidente de la Réserve fédérale (Fed), Wall Street ne semble guère susceptible de s’animer pour les dernières séances d’août et les premières de septembre.

Lors des cinq dernières séances, l’indice vedette Dow Jones Industrial Average a perdu 0,85% à 18.395,40 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 0,37% à 5.218,92 points. L’indice élargi S&P 500 a cédé 0,68% à 2.169,04 points.

« C’est ahurissant », a reconnu Chris Low, de FTN Financial, remarquant que le S&P 500 n’avait pas enregistré une volatilité aussi faible depuis près de 50 ans. « C’est la Bourse la plus calme que j’ai jamais vue ! »

En plein mois d’août, sans indicateur très marquant et avec seulement des résultats d’entreprises mineures pour les marchés, le point d’orgue de la semaine devait être assuré vendredi par un discours de Janet Yellen, présidente de la Fed.

« Toute la semaine, on a attendu le discours de Janet Yellen (…) à la conférence annuelle de Jackson Hole, dans le Wyoming », où se réunissent chaque année les banquiers centraux du monde, a écrit Joel Narroff, économiste indépendant.

« C’est devenu LE sommet de politique monétaire à suivre, puisque les présidents de la Fed y ont parfois fait part de changements de leur politique », a-t-il expliqué. « Mais si l’on espérait que cela se produise cette année, il a fallu déchanter. »

Alors que les investisseurs se demandent si la banque centrale américaine se décidera à relever ses taux au moins une fois cette année, poursuivant ainsi le retrait de son soutien à l’économie, Mme Yellen a semblé ménager la chèvre et le chou.

D’un côté, elle a reconnu que l’économie américaine se montrait de plus en plus assez solide pour supporter une hausse des taux, mais de l’autre, elle s’est gardée d’avancer tout calendrier sur le sujet.

– Situation étrange –

« C’est la montagne qui accouche d’une souris », a ironisé Gregori Volokhine, de Meeschaert FInancial Services « Il n’y a pratiquement eu aucun impact sur les attentes par rapport à la Fed à la suite de ce qu’elle a dit. »

« On retombe dans le même discours: attendons les chiffres mensuels de l’emploi, qui seront la semaine prochaine », a-t-il enchaîné.

Publiés vendredi prochain, ces chiffres, qui concerneront le mois d’août aux Etats-Unis, ont d’ailleurs explicitement été évoqués par le numéro deux de la Fed, Stanley Fischer, qui n’a pas exclu que les taux américains soient relevés dès la fin septembre dans le cas d’un bon rapport.

Néanmoins, ces chiffres et ces considérations auront peut-être un effet limité dans l’immédiat sur une Bourse où, pour de nombreux investisseurs, l’heure de la rentrée ne sonnera que le mardi 6 septembre, lendemain de la fête du Travail aux Etats-Unis.

« Le vrai test, ce sera quand les gens rentrent et se remettent à travailler », a prévenu M. Volokhine. « Là, peut-être, on va avoir des jugements plus fondamentaux sur les marchés. Sont-ils trop chers ou pas ? Est ce que la croissance accélère ou décélère ? Pour le moment tout ce que l’on a eu, c’est du bruit de fond. »

Reste que « le calme devient un problème, car la moindre chose inattendue peut provoquer plus de vagues que d’habitude », a-t-il reconnu.

Qui plus est, la sérénité de Wall Street, qui reste très proche de niveaux sans précédent, risque de devenir en soi un enjeu par rapport à la Fed, puisque la banque centrale pourrait juger les investisseurs capables de survivre sans la béquille de taux bas.

« La semaine prochaine, la Bourse devrait beaucoup se regarder le nombril en pensant à cette relation étrange qu’elle entretient avec la Fed », a estimé M. Low. « Si elle baisse, la Fed ne fera rien et rien n’aura justifié de baisser. Si la Bourse ne baisse pas, alors la Fed agira… Et là, il aurait fallu baisser. C’est une situation très étrange. »